When I was in the sweet little 16 (2009 version)
Comme les vaches en transhumance, comme les saumons pas d’élevage, comme les animaux de Panurge (moutons, brebis et toute la smala), il est des périodes dans le calendrier de l’amateur de “musique moderne” qui font qu’une partie de la population converge vers un seul et même lieu. Et cette année encore, qui a évoqué le week-end des 17-18 juillet à un amateur de pop, de rock, ou autre musique à guitare ou pas, s’est immédiatement entendu répondre : “Ah, c’est bloqué, je vais à la Garden !”. Alors non, tout le monde n’est pas encore sarkophile au point de prolonger les festivités du 14 juillet jusqu’à squatter les jardins présidentiels pendant 4 jours ! Non ! Ici, il faut plutôt comprendre que le festivalier en goguette s’apprête à partir visiter Angoulême, ses églises, ses bars-restaurants, son charme désuet très 70s. Mais surtout sa ferme des Valettes.
La Garden Nef Party d’Angoulême donc. Quatrième du nom. Après une édition 2008 complètement dingo-la-nef (comprenne qui pourra, mais comment pouvait-on rester propre sur soi en sachant qu’en 2 jours, on verrait les Kills, Brian Jonestown Massacre, Heavy Trash, Adam Green, Iggy et ses Stooges, The Bellrays ou encore les Hives ?), nous ne pouvions pas ne pas (double négation…ok, c’est bon !) nous rendre en Charentes cette année encore. Cependant, il faut le préciser, sur le papier, ça sonnait moins bien quand même ! Hormis Franz Ferdinand, avouons-le, on n’attendait pas grand-chose de cette édition. Enfin si ! On attendait de bonnes, voire très bonnes surprises.
Alors quid des surprises ? Et des non-surprises ?
Alors d’abord, concernant les non-surprises, ou plus simplement, des confirmations, il faut bien avouer que :
- Franz Ferdinand envoie toujours la sauce (en dépit d’un 3ème album moins bon), se payant même le luxe d’ajouter une dimension “guitar hero” à leur palette, qui jusqu’à présent s’arrêtait à “professionnels de l’entertainment”.
- Ghinzu a assuré. Pas un concert mémorable. Bien quoi ! Un bon moment ! (comme quand on les avait vu il y a…euh…je ne sais plus…à…hum…j’ai oublié…)
- Phoenix est exactement tel qu’on l’imaginait, à savoir un groupe qui a des bonnes chansons, mais qui laisse perplexe en live. Ça manque d’entrain, de vie, d’envie ! (je ne parle pas de la musique mais du comportement du groupe sur scène…)
- Cold War Kids et TV on the Radio ne sont définitivement pas “festival compliant”.
- The Ting Tings enfoncent une bonne fois pour toute le clou, après la mauvaise impression à la Route du Rock de l’an dernier. Comment, sans scrupule, peut-on appeler ça un “concert”, quand la moitié des sons émanent d’un enregistrement ? Comment peut-on parler de musique quand le plus bel atout (et là, y a pas à dire, c’est très beau), est la blonde platine qui a hérité du micro ? D’ailleurs, les 2 zigotos ne s’y trompent pas, puisqu’ils ont prévu le coup en surélevant une partie de la scène, afin qu’on puisse bien mater les jambes de la “chanteuse” juchée sur son podium. Gardant en tête la phrase d’un des joyeux drilles qui m’accompagnait : “ouais, mais toi t’es jamais content, on te donne ça, tu veux ça !” (avec mimes de main et bras obligatoires pour comprendre la phrase), effectivement, je crois que la seule chose à répondre, c’est qu’un live, un bon live s’entend, doit transcender. Sinon, c’est du divertissement.
Tout cela étant dit, reste à parler des surprises, bonnes et mauvaises. Les mauvaises d’abord : l’absence de Santigold, qui nous empêche de juger sur pied si cette fille est valable ou pas. The Night Marchers ensuite qui, malgré le bon effet laissé par l’écoute de leurs titres sur myspace, se sont révélés être des individus sans élégance, tant dans leur musique, que dans leur humour (le sommet de la lourdeur étant tout de même le “Hello Belgium !” du vendredi, enchainé avec un “Hello Germany !” le samedi, lors du deuxième et identique show, en remplacement de la susnommée Santigold). Boss Hog pour finir. Sans doute que l’heure tardive y est pour quelque chose. Mais, tandis que le concert de Heavy Trash fut un des meilleurs auxquels nous ayons assisté en 2008, cette autre formation chapeautée par Jon Spencer nous a laissé dubitatif : la voix braillarde de sa femme, des titres sans mélodie ni nuance. Bref, bof ! bof ! bof !
Enfin, les bonnes surprises : Blood Red Shoes pour commencer. Dans une configuration identique aux Ting Tings (un duo avec une fille top canon), mais avec indéniablement plus d’envie et de talent. Un vrai concert, des vraies chansons. Un vrai bon moment ! Enchaînons avec Zone Libre, groupe hétéroclite sur lequel on n’aurait pas parié un kopeck avant le concert (un n-ième side project du guitariste de Noir Désir…mouais…), sauf que les 2 chanteurs sont très bons et parviennent à garder un débit fluide et en phase avec les variations de rythme imposées par les 3 musiciens. The Sleepy Sun a bien assuré aussi, avec un show complètement psyché, mais peut-être pas au bon horaire (un peu tôt !). Concluons avec les 2 très bonnes surprises : The Gossip d’abord. “Très bonne surprise”, puisqu’on s’attendait à des Ting Tings bis, des ersatz du Tigre, bref, un faux groupe “jouant” devant un vrai enregistrement. Mais rien de tout ça ! Au contraire, un son clair et limpide, des chansons pour faire danser les filles (qui aiment les filles ou pas…), et une chanteuse qui n’en fait pas trop finalement (on avait peur de la voir se trémousser à moitié à poil dès le 2ème titre…il n’en fut rien !). Et, last but not least, The Jim Jones Revue, élu meilleur concert du festival et tout simplement meilleur concert de l’année pour l’instant (un imprévu nous ayant contraint à ne pas accompagner le reste de l’équipe à Hyde Park). Dans un style proche du rock’n’roll à banane d’Heavy Trash, JJR pour les intimes a donné un show tout en piano bastringue, en guitare approximative, d’aucuns diront pour résumer en énergie proto-punk (et ils ont raison même s’ils sont un peu gonflants avec leur termes cryptiques…).
A noter que certains groupes ne nous ont malheureusement pas laissé suffisamment de souvenirs pour être évoqués : Izia et Papier Tigre, trop tôt, Etienne de Crécy, trop tard, John Gideon, trop éloigné du stand des sandwiches au foie gras, Vitalic, trop loin de la scène où se préparait le couple Spencer…
Et en bonus :
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They Were Kings, version live par Heavy Trash
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Photo Jim Jones Revue : (c) lisamorgan
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Photo Franz Ferdinand : (c) elmagicdice