Moneyball - Bennett Miller
Billy Beane a les boules, a les glandes, a les crottes de nez qui pendent. Il est manager de l’équipe de baseball des Athletics d’Oakland et, bien qu’il ait fait des miracles pour se qualifier pour les playoffs en dépit de son petit budget, ils se sont encore fait éliminés par les richissimes Yankees. Pour couronner le tout, trois de ses meilleurs joueurs quittent le club. La vie n’fait pas d’cadeau, hein. Du coup, Billy décide de changer de stratégie : plutôt que recruter de façon traditionnelle en écoutant les conseils d’un clan de vieux sages chiqueurs de tabac, on va tout baser sur les stats, sans se laisser distraire par des ressentis ou des impressions car les chiffres, eux, ne mentent pas.
Moneyball est l’adaptation d’un livre de Michael Lewis, s’inspirant d’une histoire vraie. Lorsque Columbia Pictures acheta les droits du livre en 2004, Lewis pensa que ça allait forcément faire de la merde. On sait aujourd’hui qu’il a eu tort : le film est très bon. Les doutes de Lewis étaient pourtant légitimes puisque l’accouchement fut difficile : il aura fallu trois versions du scénario et quatre réalisateurs se succédant aux manettes du projet. C’est finalement Bennett Miller qui s’y est collé, 6 ans après Capote.
Durant plus de deux heures, on suit donc Brad Pitt, mâchoire du bas en avant, tabac en bouche et d’humeur à taper dans les meubles, s’amouracher des idées de Jonah Hill et lancer la saison des Athletics. La construction du film est très linéaire, basée sur le déroulement de la saison où se greffe une relation père-fille. Il séduit inévitablement même si on ne connaît que peu de choses au baseball. Cadeau pour les Français, on peut même regarder le film en se mettant en tête que finalement, Brad Pitt joue un peu le rôle de Guy Roux, chose cocasse s’il en est. La version française sort le 16 novembre, s’appelle Le Stratège (encore une bonne idée non ?) et maintenant que j’habite à Boston, je ne me priverai pas de me la péter en parlant des films avant leur sortie en France.
Côté bande-son, on est aussi assez gâté. La bande originale est signée Mychael Danna (le même que pour Little Miss Sunshine), la version light de The Show que joue la fille de Billy est bizarrement assez charmante et on a le droit aux Black Keys avec [Howlin’ For You], dont il existe un clip très marrant :
Parenthèse culturelle, parlons un peu de la relation entre musique et baseball. Lorsqu’on va voir un match de baseball au stade, chaque joueur rentre toujours sur le terrain accompagné de son titre, chacun le sien. Par exemple, voici la page qui recense les entrance songs des joueurs des Boston Red Sox. Le concept est assez sympa et même si les joueurs n’ont pas bon goût, comme leur capillarité faciale à base de barbe finement découpées et sans moustache le laisse souvent deviner, j’aime bien ça.
Quant au public, il a lui aussi ses chansons. Normal me direz-vous, mais oubliez les “qui ne sautent pas n’est pas (remplacer par n’importe quel gentilé)” ou Jump de Van Halen, les chansons sont beaucoup plus cools que ça. À Boston, je suis donc plutôt bien tombé puisque parmi les chansons figurent Communication Breakdown de Led Zep ou Dirty Water, des Standells, l’un des meilleurs tubes de garage de tous les temps.